Vœu d'Ajaccio.
Pendant l'année 1656, plusieurs contrées de l'Italie étaient atteintes par la peste; la ville de Gènes en était particulièrement affligée. Les relations de la Corse avec la Ligurie et surtout celles d'Ajaccio avec la métropole faisaient redouter un jour ou l'autre l'apparition du terrible fléau dans ce malheureux pays, si ravagé depuis des siècles par les corsaires barbaresques et des guerres dont on ne prévoyait pas la fin. Le conseil des anciens songea à mettre la Ville d'Ajaccio sous la protection de la Vierge miraculeuse de Savone, Notre-Dame de Miséricorde, afin qu'elle daignât la préserver des malheurs qui la menaçaient.
Dès le 16 novembre, la magnifica communità et le conseil des anciens, réunis dans la grande salle del pubblico palazzo, proclamaient la Vierge de Miséricorde patronne de la cité et prenaient l'engagement perpétuel de fêter le 18 mars de chaque année. Cette décision était prise par devant Giov. Battista Scaffa, notaire et chancelier.
Quatre ans plus tard, le conseil des anciens composé de : Giov. Valerio Colonna, Girolamo Scaffa, Pietro Sportuno, Giro. Pozzo di-Borgo et Giov. Battista Sambucetto, en suite d'une autorisation spéciale du spetabile conseil de ville, réunis dans l'Eglise Cathédrale, agenouillés devant le maître autel de la bienheureuse Vierge Marie de Miséricorde, en présence de Mgr. Ardizzone, évêque d'Ajaccio, de l'illustrissime Commissaire, (Pompeo Giustiniano) du Chapitre, du clergé et du peuple, renouvelaient le premier vœu, en acceptant pour protectrice de la cité la Vierge de Miséricorde.
Ils promirent en jurant sur les saints évangiles de faire observer à perpétuité le 18 mars de chaque année, jour de l'apparition. de la Vierge à Savone, comme fête de précepte, avec messe solennelle et procession générale. Ce vœu est du 18 mars 1660, suivant acte de Giov. Domenico Can nella, notaro.
La dévotion des Ajacciens envers leur patronne s'accrut avec les années. La magnifica communità pensa répondre au vœu de la ville en faisant édifier à ses frais, dans la cathédrale d'Ajaccio, la belle chapelle de N.D. de Miséricorde, si riche par la variété et la rareté des marbres employés.
Commencée en 1739, elle fut achevée en 1752. Depuis l'année 1660 la ville d'Ajaccio et les diverses municipalités génoises et françaises qui se sont succédé ont tenu à honneur de se montrer fidèles à l'engagement pris par le conseil des anciens. Le 18 mars de chaque année est observé comme fête de précepte.
En outre, il est d'usage depuis l'année 1764 de chanter en plein air les litanies de la vierge, la veille de la fête patronale, devant la statue de N.D. de Miséricorde qui se trouve dans la niche pratiquée dans l'ancienne maison, Rossi-Cattaneo, portant le n° 7 de la place des Palmiers.
Cette statue se trouvait placée autrefois au dessus de la porte intérieure de la ville, donnant accès à la place de l'Olmo, à l'entrée du Carruggio dritto.
Elle avait été placée sur les murailles, de la ville, le 1er Janvier 1764, comme témoignage de la reconnaissance publique pour la protection que la Vierge de Miséricorde accorda à la ville en octobre 1763, au moment où les milices nationales l'assiégeaient et se disposaient à donner l'assaut.
Pendant cette lutte entre les troupes Génoises et les milices qui la bloquaient, on avait à redouter les terribles
conséquences d'une ville enlevée de vive force, et on s'attendait aux plus grands malheurs.
Il y eut néanmoins trois habitants tués accidentellement
Le transfert de la Statue de la Vierge, à l'emplacement qu'elle occupe actuellement, eut lieu vers 1803, à l'époque de la démolition des murailles de la ville.
La date 1660 gravée au dessous de la niche de la Vierge n'est donc pas, comme on serait disposé à le croire, celle de l'érection de la Statue sur la façade de la maison portant le n° 7. Cette date indique l'année du vœu solennel des anciens d'Ajaccio, proclamant la Vierge de Miséricorde, patronne de la ville.
On a reproduit au dessous de la niche, l'inscription qui figurait autrefois sur les murs de la ville : Posuerunt me custodem - ils m'ont placée comme gardienne -.
Notes & Documents sur la Ville d'Ajaccio 1492 à 1789. J. Campi.
Librairie De Peretti Ajaccio - 1901-