6-8 janvier 1735

Festa di a Nazione

Festa di a Nazione le 8 décembre. L'idée repose, semble-t-il. sur un texte : celui de la " consulta de Corte " de janvier 1735 . qui place la Corse sous la protection de l'Immaculée Conception - fêtée le 8 décembre. Mais qu'en est-il vraiment de ce texte ?

Consulta fantôme que cette réunion des 6-8 janvier 1735. Non tant qu'on ait douté un temps qu'elle se soit vraiment déroulée, mais parce que les historiens insulaires ont trouvé un malin plaisir à la rendre incompréhensible. Récapitulons : un des plus fameux historiens insulaires, Ambroggio Rossi, reproduit dans ses Osservazioni Storiche le contenu de vingt-deux articles de ce qui apparaît comme un texte institutionnel plutôt qu'un texte constitutionnel. L'article I place la Corse sous la protection de l'Immaculée Conception de la Vierge Marie et ordonne que son effigie figure sur les drapeaux et dans les armes de la Corse. L'article IX crée une Diète générale élue représentant démocratiquement la population insulaire, chaque cité ou village ayant droit à y faire siéger un député. Le problème est qu'il la fait se tenir en janvier 1731, ce qui paraît d'autant plus improbable qu'il donne comme Généraux de la Nation Andrea Ceccaldi, Luiggi Giafferi... et Giacinto Paoli, alors que tout montre que ce dernier est encore Noble XII et dans le camp génois ! Une copie, effectuée par Dom Philippe Marini et le texte original, que nous avons trouvé à l'Archivio di Stato de Gênes, redonne à ce texte sa vraie date, à savoir janvier 1735. D'ailleurs, s'il nous restait un doute, on connaît une autre copie, traduction de ce texte, à la date de janvier 1735 transcrite par l'envoyé du Roi de France à Gênes. M. de Campredon. Même si celui-ci ne donne pas le nom du lieu où ce texte a été réalisé et ne parle pas d'une consulta de Corte.

UN PROBLÈME HISTORIOGRAPHIQUE.

Le problème, c'est que Renée Luciani a publié en 1972 les Mémoires de Sebastiano Costa. Et que cette publication a remis en cause à la fois l'existence de ce texte et de la consulta de Corte. Pas de consulta de Corte chez Sebastiano Costa, futur grand chancelier du roi Théodore, mais une consulta d'Orezza, tenue du 6 au 8 janvier. Et puis 15 articles et non 22, oeuvre de... Sebastiano Costa, comme il appert du discours de Hyacinthe Paoli reproduit dans les Mémoires: " Je ne crois pas..., aurait dit Paoli à son collègue Don Luiggi Giafferi, m"être trompé en chargeant l'homme plein de sagesse qu'est M. l'avocat Costa... de nous donner la trame des propositions à faire à la consulta... ". Dans cette version, note Pierre Lamotte, disparaissent l'Immaculée Conception. la diète " démocratique ", le " style pompeux et naïf ", la distribution de titres d'Illustrissimes, d'Altesses Royale, etc. qui " encombraient " le texte au sentiment de René Emmanuelli, qui qualifie avec raison le texte des 22 articles de " fatras ". " Si le " pittoresque " y perd, note de son côté Fernand Ettori, le sérieux y gagne aussi bien dans la rédaction - irréprochable - que dans les structures du gouvernement ". Un texte corroboré, notons-le par celui publié par un des grands chroniqueurs de la période paoliste, Carlo Rostini.

LES LEÇONS D'OREZZA.

A cette occasion. Giafferi, Paoli et Ceccaldi sont élus primats du Royaume, avec le titre d'Excellence et avec " préséance sur tous les autres sujets " (article 1). Ils présideront une junte de douze personnes (article 2). Seront créés différents Offices, dont un Office de la Monnaie chargé de frapper la monnaie " à l'effigie et aux armes du Royaume " (article 9). Les lois et les statuts faits par les Génois et par la République seront abolis et on décide symboliquement " de (faire) de ces lois et de ces statuts un monceau qui sera brûlé publiquement afin d'attester à jamais que les Corses se séparent des Génois et la Corse de Gênes ". Texte important, texte fondamental même puisque pour la première fois les Corses se dotent des moyens institutionnels de mener leur lutte contre Gênes à bien. Exclut-il pour autant le texte des 22 articles ? La plupart des auteurs le pense aujourd'hui sincèrement, à la lecture des Mémoires de Costa. Que l'on ait des versions différentes n'est d'ailleurs pas aussi étonnant qu'il paraît à premier abord : ainsi. le texte généralement considéré comme original de la Constitution paoliste de 1755 et de la main de Paoli lui-même ne nous paraît être aujourd'hui qu'une mauvaise copie., fautive de surcroît.

Reste le problème de la protection de l'Immaculée Conception sur la Corse. Il est tout aussi épineux. Certes, on nous fera valoir que dans le texte du 15 avril 1736 qui " donne " un roi à la Corse, on se place sous l'invocation de La Trinité, de la " Vierge Immaculée Marie Protectrice de ce Royaume " et de Sainte Dévote. et que différents documents, y compris au cours du Généralat de Paoli - les passeports par exemple - reproduiront une image de Sainte Dévote. Mais, il convient de rappeler que la Corse et le reste du " domaine génois " ont été placés, par le Sénat de Gênes sous la même protection un siècle auparavant!

Antoine-Marie Graziani ( antoine.graziani@wanadoo.fr )

Corsica N°28 - Janvier 2002 -

ANNIVERSAIRES

• 6 JANVIER 1589 : la colonie des Vintimillais arrive à Bastia en vue de repeupler Porto-Vecchio.

• 21 JANVIER 1610 : mort à Paris d'Alphonse d'Ornano, maréchal de France, fils de Sampiero Corso.

•14 JANVIER 1732 : bataille de Calenzana.

• JANVIER 1790 : retour en Corse de Clément Paoli.

• JANVIER 1797 : insurrection d'A Crucetta.

• 10 JANVIER 1873 : la ville d'Ajaccio célèbre le deuil de Napoléon III.

 

 


Dernière mise à jour le 30/XI/2003                              Retour page d'accueil
Par Serge ETIENNE
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