Ajaccio

A Madunnuccia

Notre-Dame de la Miséricorde

Le passé

Il s’agit pour nous de dissiper le malaise qui a jeté un certain trouble dans la population le 18 mars 2002, en rappelant dans le détail comment les choses se sont réellement passées depuis les origines.

Il convient de rappeler tout de suite qu’à l’origine le vœu d’Ajaccio est un vœu laïque et privé et non un vœu religieux et public. D’ailleurs, dans un premier temps, la municipalité d’Ajaccio eut à affronter l’évêque d’Ajaccio en la personne de Mgr Ardizzoni, qui ne trouvait pas dans ce texte le mode désormais codifié des vœux par la Sacrée Congrégation des rites du 23 mars 1630, raison pour laquelle l’évêque, le chapitre cathédral et le clergé de la ville s’abstinrent de participer aux cérémonies commémoratives pendant trois années.

Pour les Anciens il était hors de question que l’on puisse considérer comme nul le vœu de novembre 1656 et que ne soit pas maintenue la date du 18 mars. Dans les propositions faites à Mgr Ardizzoni ils proposaient le déroulement des cérémonies de la façon suivante, " la procession part de la Cathédrale et revient à la Cathédrale, après une halte à l’église des Jésuites, Saint Ignace ". Cette proposition a été acceptée et promulguée par l’évêque et le chapitre cathédral.

Le 18 mars 1660, en présence de l’évêque et devant les autorités de la ville et un grand concours de peuple, le notaire-chancelier de la cité a lu l’acte à haute et intelligible voix.

 

Sauvegarder une tradition tricentenaire

Les années et les siècles ont passé, la fête de la Miséricorde a traversé sans trop d’encombres les guerres et les révolutions. La forme et l’esprit du vœu se sont bien transmis. Ce qui appelle quelques réflexions.

Il a fallu attendre 300 ans pour que le texte originel fut prononcé par le Conseil Municipal dans les circonstances que l’on sait, avec toutefois trois entorses :

a)      La date choisie fut le 15 août 1960, et non le 18 mars condition sine qua non exigée dès les origines. La Miséricorde n’a rien à voir avec le 15 août 1769.

b)      D’après la tradition bien établie le conseil des Anciens et ses successeurs municipaux invitaient l’évêque à honorer de sa présence les cérémonies du vœu. Ce vœu n’étant pas d’origine cléricale mais de pieux laïcs, il n’était jamais question pour l’évêque d’inviter quelque autre personnalité extérieure à la ville, si ce n’est le prédicateur de la neuvaine qui à la grande messe prononçait le sermon de circonstance.

c)      Pour la première fois l’autorité civile a décrété " la fête à solenniser par une messe pontificale et une procession grandiose ". De la messe pontificale, il n’a jamais été question ni dans les écrits ni dans les faits. Du reste est souligné par la mention suivante " en présence de Mgr Llosa, évêque d’Ajaccio ". Pour cet évêque comme pour son prédécesseur, Mgr Rodié, il s’agissait d’une messe avec assistance pontificale. Le soir au retour de la procession l’évêque recevait le conseil Municipal dans la grande sacristie de la Cathédrale pour les remerciements respectifs. D’autre part, il est établi que le renouvellement du vœu par la municipalité au cours de la messe pontificale n’a été institué annuellement qu’à partir de 1981.

 

Le présent

Il importe de maintenir le texte du vœu acte notarié qui ne peut être modifié en tant que charte constituante. Mais compte tenu du changement des besoins et des mentalités et de la sécularisation des institutions civiles, il n’est pas obligatoire de maintenir chaque année la lecture intégrale de charte avec l’énumération des Magnifiques Anciens. Mais on ne peut faire l’économie de ce qui fait le cœur du vœu ce qui pourrait parfaitement s’intégrer dans la prière universelle avec mention introductive aux intentions détaillées selon, l’usage de ce type de prière.

Nos Magnifiques Anciens ayant choisi comme protectrice, patronne principale et avocate Notre-Dame de la Miséricorde qui engageait la ville en vœu perpétuel, invoquons-la pour les besoins spirituels et moraux de notre ville et de la Corse entière.

Il pourrait y avoir alors quatre ou cinq intentions, chacune étant lue par un laïc désigné par l’évêque.

 

CASTA François, archiviste diocésain

D’ORAZIO Pierre, professeur d’Histoire géographie, lycée Fesch d’Ajaccio

GRAZIANI Antoine-Marie, professeur d’Histoire géographie, I.U.F.M. de Corse

SILVANI Paul, journaliste historien

Créer une Société Historique d’Ajaccio et de la Corse

Cette affaire, où notre avis nous a été demandé en tant qu’experts, révèle en tout cas qu’il est grand besoin d’une instance vers laquelle on puisse se tourner en tout état de cause. Cela fait longtemps que la nécessité de voir créer une Société Historique à Ajaccio, indépendante des partis et qui puisse faire le lien entre l’histoire d’Ajaccio et celle de la Corse toute entière, nous paraît évidente. Aussi, au-delà du travail que nous venons d’effectuer sur la Madunnuccia nous proposons la création d’une Société Historique d’Ajaccio et de la Corse et nous prendrons des initiatives dans ce but.